dimanche 21 octobre 2012
Risibles amours - Milan Kundera
Risibles Amours est un recueil de sept nouvelles écrites "en Bohême entre 1959 et 1968", elle font donc partie des premiers textes de la carrière de romancier de Milan Kundera. Enfin, pas romancier, puisque c'est des nouvelles ... bon, on va dire prosateur.
Le premier récit, nommé Personne ne va rire, m'a semblé un peu ... dérangeant. En effet, c'est l'histoire d'un homme qui se met sur le dos de gros ennuis simplement parce qu’il s’entête à mentir, la faute à son caractère qui l’empêche de dire une vérité qui rendra quelqu'un malheureux. Le contexte politique et social régnant à cette époque là en Europe de l'est n'y est bien sur pas pour rien, mais vraiment, voir ce personnage s'enfoncer si bêtement ... Ensuite, dans La pomme d'or de l'éternel désir, nous vivons un petit bout de la vie du narrateur et de son ami Martin, qui se lancent en permanence dans de nouvelles conquêtes féminines, sans même prendre la peine de consommer les conquêtes réussies. Le narrateur, contrairement à son ami, n'est pas dupe de leur petit jeu, et l'on retrouve cet aspect désabusé quasi permanent dans les histoires de Kundera. En troisième position dans le recueil, Le jeu de l'auto stop, dans lequel un couple va violemment se métamorphoser à cause d'un jeu de rôle qu'ils ne pourront stopper, m'a comme le premier récit semblé assez dérangeant. Cela n'a en soi bien sur rien de négatif (c'est pas comme si j'aimais pas les trucs tordus), mais ces trois nouvelles, bien que de qualité, m'ont laissé un peu sur ma faim par rapport à ce que je connaissais déjà de Kundera.
Heureusement, arrive ensuite Le colloque, le récit le plus long, et placé stratégiquement par l'auteur au centre du recueil. Plusieurs personnes, de service de nuit dans un hôpital, se retrouvent dans une pièce pour converser autour de quelques bouteilles. Presque construit comme une pièce de théâtre, le texte contient relativement peu de narration et met en valeur les dialogues et les idées des personnages. J'ai ici pleinement retrouvé ce que j'aime chez Kundera : cette complexe légèreté, ce style aérien disséquant avec énormément de talent les personnages et leurs interactions. Sans égaler ce point culminant du recueil, les autres nouvelles sont réussies. Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts met en scène deux amants se retrouvant quinze ans après, une grande différence d'age les séparant, et Le docteur Havel vingt ans plus tard reprend un personnage de Le colloque, devenu un séducteur à la réputation sulfureuse, qui trouvera un admirateur en la personne d'un jeune homme peu sur de lui. Pour finir, Édouard et Dieu aborde la passionnante question de la religion. Édouard n'est pas croyant, mais la femme qu'il aime l'est, il va donc mentir et simuler la foi. Cependant, encore une fois le contexte social et politique entre en jeu, et comme religion et communisme sont peu conciliables, Édouard va se retrouver prit entre deux feux. Un bonne conclusion que ce parcours initiatique.
Risibles Amours est à mon sens bien moins marquant que mes précédentes lectures de Kundera, L'insoutenable légèreté de l’être et surtout L'immortalité, mais c'est peut être lié à son format. Quoi qu'il en soit, c'est tout de même de la très bonne littérature.
330 pages, 1959-1968, Folio
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