samedi 13 octobre 2012
L'écume des jours - Boris Vian
Voilà un livre très, très connu, un "succès permanent en librairie", comme dit en préface (ou ailleurs, je ne sais plus). Hop, je plonge dans ces lignes pleines de poésie et de surréalisme ...
Et bien whaou, c'est bizarre tout ça. Très bizarre. Il m'a bien fallu quelques dizaines de pages pour n’imprégner de l'univers de L'écume des jours, pour en intégrer la logique ... ou l'absence de logique. La semi-logique, plutôt. Surréalisme est bien le mot qui convient ... surréalisme, surréalisme et encore surréalisme. Tiens, chose que ne fais jamais, je vais mettre un petit extrait, cela m'évitera de tenter et d'échouer à décrire plus en détail ce style. Voici l'incipit du texte :
"Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite."
Cette écriture, qui m'a d'abord fortement rebuté, m'a ensuite rapidement séduite, le temps que je mette ma raison de coté. Pour ce qui est de l'histoire, nous suivons six jeunes personnages, trois hommes et trois femmes. Bien sur, l'amour sera au centre de leurs relations mutuelles. Et si l'écriture de Boris Vian semble aussi légère qu'une bulle de savon, son univers est loin d’être tout rose. Ici, les héros meurent, et tuent, même. D'ailleurs, dans l’Écume des jours, les personnages secondaires tombent comme des mouches. Il doit y avoir des dizaines de décès violents (et absurdes) tout au long des pages, mais cela semble n’émouvoir personne, cela fait partie de la vie quotidienne. L'univers est ainsi bien plus sombre qu'il n'y parait au premier abord, et c'est bien pour cela que mon intérêt n'a fait que croitre au fil du récit. De même, un autre thème important de l'histoire, c'est le travail. Quand les personnages ont de l'argent, tout va bien, mais l'argent n'est pas illimité ... et les personnages vont devoir travailler pour essayer de contrer le pourrissement de leur environnement du à la pauvreté. Et le travail, ils n'aiment pas ça. C'est bien normal, vu l'absurdité des métiers inventés par Boris Vian. Bref, j'ai aimé la façon dont est traité ce sujet (enfin, c'était prêcher un converti). Ah, et je ne pouvais pas oublier de parler de la petite souris grise à moustaches noires ... trop mignonne !
Finalement, malgré un début difficile (où est donc passée ma raison chérie ?!), l’Écume des jours fut une très bonne lecture. Un objet lisible non identifié, au style unique et à l'univers plus riche et sombre que ce qu'on pourrait croire au début.
335 pages, 1946, Livre de poche
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