samedi 15 septembre 2012

Nerval - Les Filles du Feu

Nerval - Les filles du feu
Les filles du feu est un recueil qui a failli s’appeler Les amours perdus, il est donc naturel que ces diverses histoires portant chacune un nom féminin en guise de titre ne se terminent pas sur un mariage et une belle portée de petits. Avant toutes choses, Nerval nous propose une introduction sous la forme d'une lettre à Alexandre Dumas. De celle ci, qui m'a semblé très opaque, je ne retiendrai qu'une idée principale : Nerval était un peu fou et avait la manie de s'identifier à ses personnages et de mélanger réalité et fiction, ce qui lui vaudra d'ailleurs quelques séjours en clinique.

  • La nouvelle du début, Angélique, n'a vraiment pas été une agréable première rencontre avec l’œuvre de Nerval. De forme épistolaire, ce récit nous fait suivre les aventures du narrateur, un bibliophile à la recherche d'un livre sur l'abbé de Bucqoy. Pendant ses recherches il retrouvera des écrits d'Angélique, une parente de l’abbé, et il nous fera suivre la vie de cette jeune femme qui a fuit ses parents par amour pour un bel homme. Le gros problème de cette nouvelle, c'est que Nerval a l’insupportable manie de changer totalement de sujet à presque chaque paragraphe. Et ce n'est pas seulement parce que le récit est entrecoupé de nombreux extraits de manuscrits, non, les digressions sont la plupart du temps d'inintéressants détails sur la campagne que visite de narrateur. Bref, on a là une histoire assez fastidieuse à lire, d'autant plus qu'il s'agit de la plus longue.
  • Heureusement, Sylvie est un récit bien plus agréable. Le narrateur, un parisien, est partagé entre deux amours : Sylvie, qui habite la campagne et fut une amie d'enfance, et Aurélie, une belle actrice. L'une correspond à la "douce réalité" et l'autre a un "idéal sublime", et au final il les ratera toutes les deux. De plus, l'écriture est bien plus fluide et concentrée sur son sujet. 
  • Jemmy poursuit dans cette voie. L'histoire se passe en Amérique, où l'irlandaise Jemmy se mariera à l'allemand Toffel, un homme simple et bon. Mais en voulant à tout prix dominer son mari, Jemmy se fait capturer par des indiens, avec qui elle restera pendant bien des années ... son bon Toffel est-il passé à autre chose ? Le récit a un ton vraiment très paternaliste envers les indiens (la femme blanche leur apprend à ne plus ressembler à des "orangs-outans" , elle les "civilise" ), mais cela ne l’empêche pas d’être une lecture agréable.
  • Par contre, Ocatavie ne pas du tout convaincu. Le narrateur évoque un amour perdu rencontré au cours de ses voyages, et pour être franc, je n'ai pas compris grand chose d'autre. Heureusement que c'est la nouvelle la plus courte. 
  • Isis est également un récit vraiment inintéressant à mon gout. Le narrateur se ballade dans Pompéi et évoque le temple d'Isis. Il explique les usages de ce culte, puis blablate philosophie et théologie. Mouais.
  • Ensuite, Corrilla étonne en prenant la forme d'une petite pièce de théâtre, et joue franchement la carte de l'humour. A Naples, Fabio est amoureux de la cantatrice Camilla et a réussit à obtenir un rendez-vous, mais il se trouve que Marcelli, un autre jeune homme épris de la belle, a également obtenu d'elle un rendez-vous à la même heure mais à un endroit différent ... Une très chouette petite histoire qui possède rythme et humour.
  • On termine par Émilie, peut être le texte le plus dramatique de tous. Desroches, un soldat français, est mort à la site d'une charge suicidaire sur le front. Un abbé va raconter son histoire pour tenter d’expliquer s'il s'agit ou non d'un suicide. Amour impossible et tragique histoire de famille sont au programme, un bon texte pour conclure ce recueil.

Finalement, s'il y a bien un reproche que l'on ne peut pas faire à Nerval à propos de ces nouvelles, c'est le manque de variété. Chacune nous évoque un amour perdu, mais de les façons de le faire sont bien différentes, tant dans la forme que dans le fond : on a à aucun moment un sentiment de répétitivité. Par contre, à mon sens, trois d’entre elles sont vraiment décevantes, contre quatre qui sont des réussites. Bref, un bilan en demi-teinte.

1854, environ 300 pages + 120 pages de notes, Folio
CITRIQ

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