vendredi 21 septembre 2012

La Croisade de l'Idiot - Clifford D. Simak

La Croisade de l'Idiot - Clifford D. Simak

Bwa, voilà une couverture particulièrement repoussante. Ces couleurs, vraiment ... mais, que vois-je ? C'est un recueil de nouvelles de Clifford D. Simak ?! Chouette ! Le quatrième de couv' me met l'eau à la bouche, et hop, je sors quelques pièces pour repartir avec le bouquin qui, je n'en doute pas, possède une beauté intérieure apte à me faire oublier son apparence douteuse.

  • La première nouvelle est celle qui donne son titre au recueil : La croisade de l'idiot. Le narrateur est donc, comme on pouvait s'en douter, un idiot. Ou du moins, il est considéré comme tel par les gens de son village. Mais voilà qu'il lui arrive une chose assez incroyable ... D'un coup, il se met à posséder le don d'omniscience, et encore mieux, il peut plier le monde et les esprit à sa volonté. Par exemple, voir les poissons au fond d'une mare et leur donner faim pour les pousser à mordre à l’hameçon. Ou encore rendre heureux les gens tristes, ou tuer instantanément ceux qu'il n'aime pas ... Alors, quel usage fera-t-il de ces capacités ? Le titre du récit devrait vous donner un indice. Détail très amusant, on suit en parallèle les réflexions et les interrogations de l'organisme extraterrestre qui parasite l'idiot, lui donnant ces étonnantes capacités. Une nouvelle excellente, à la fois simple, touchante et drôle : tout ce que j’espérai trouver dans ce  recueil.
  • Dans Le zèbre poussiéreux, l'histoire s'articule également autour d'un fait étrange qui vient perturber le quotidien et offrir de nouvelles possibilités inattendues. Le narrateur découvre un beau jour un minuscule machin incrusté dans son bureau. Par hasard puis après quelques expérimentations, il se rend compte que le machin en question est une liaison avec un autre monde : un objet posé dessus disparaitra, et d'autres objets apparaitront, sans doute envoyés par "quelqu'un" habitant très loin ... Le narrateur et son associé essaieront de trouver des utilités commerciale à ces objets extraterrestres, et finalement, ils vont faire durablement du troc avec leur interlocuteur mystérieux. Mais il est très risqué de faire joujou avec des objets dont on ne comprend rien ... Encore une très bonne nouvelle, ayant les mêmes qualités que la précédente.
  • On continue avec Honorable adversaire. La nouvelle étant courte, je n'en dirait pas grand chose, sinon qu'elle est très bonne, et que la guerre pourrait être un intéressant jeu de stratégie si elle n'avait pas le très gros défaut d’être meurtrière. 
  • Lulu, c'est un peu comme 2001, mais avec un Hal romantique et niais. Lulu est l'IA du vaisseau explorateur transportant trois passagers humains. Un beau jour, Lulu leur annonce qu'elle (ou il) est amoureuse d'eux. Et qu'elle les enlève pour passer l'éternité seule avec eux. Bref, voilà les voyageurs dans de beaux draps. Ils vont tout faire pour briser l'amour que Lulu leur porte ... mais est-ce vraiment une bonne idée ? Au risque de me répéter, sachez qu'il s'agit là aussi d'une très bonne nouvelle. 
  • Dans La grande cour du devant,  un réparateur et marchant d'antiquités va en effet se retrouver avec une cour d'une taille impressionnante. Il commence par remarquer dans sa cave la présence d'un plafond apparu tout seul du jour en lendemain. Puis les objets cassés sont mystérieusement réparés pendant son absence. Il semble probable que notre ami l'amateur d’antiquités ait quelques colocataires non désirés ... Et un beau jour, sa maison se retrouve transformée en .... ben je vais pas vous le dire. Encore une fois la réponse est plus ou moins dans le tire. N'y aurait-il donc aucun mauvais texte dans ce recueil ? 
  • Copie carbone met en scène un agent immobilier se retrouvant impliqué dans une affaire des plus étranges. Ce qui ressemble à une combine louche pour louer plusieurs fois les mêmes maisons pourrait se révéler être une action incompréhensible effectuée pas des êtres venus d'ailleurs ... L'histoire se termine par une mauvaise farce, comme le craignait le personnage principal dès les premières lignes. 
  • On termine avec Le père fondateur. Un autre nouvelle très courte, qui aborde deux thèmes classiques de la SF : l'effacement de la frontière entre rêve et réalité et la colonisation spatiale.

Je ne peux faire qu'un seul reproche à Simak : son traitement des personnages féminins. C'est bien simple, les femmes sont toujours d'avides et insupportables tyrans domestiques. Ça doit être à cause de l'époque (ou de sa femme). Mais à part ça, c'est vraiment du tout bon, aucun texte n'est décevant. Simak a une écriture simple et touchante, et ses histoires sont humaines et drôles tout en explorant des idées intéressantes.  Ah, et du même auteur je vous conseille grandement Demain les chiens, un roman/recueil qui raconte poétiquement la fin de l'humanité, et Au carrefour des étoiles, un récit pacifiste et humaniste mais pas simpliste. 

254 pages, 1960, Denoël
CITRIQ

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