Je n'ai aucun doute que les auteurs ont des tas de connaissances et des décennies d'expérience. Ceci dit, comme pour la plupart de mes lectures précédentes aux éditions Terran, à savoir De greffes en greffes, la forêt fruitière et L'urine, de l'or liquide au jardin, j'ai trouvé ce Génie du sol vivant mauvais au point d'être quasi illisible.
Je crois ne pas exagérer en disant qu'il y a dans ce livre plus de points d'exclamation et de points de suspension que de simples points. Le style rappelle celui d'un soixantenaire complotiste qui poste de longues tirades incohérentes sur Facebook (« Et dans ce domaine, la science n'explique pas tout, voilà qui dérange beaucoup ! »). Ne parlons même pas de la construction, qui fait toujours aussi vrac, ni du travail de mise en page, clairement amateur, ni des très, très nombreuses coquilles. On fait face à une suite de micro paragraphes sans liens sémantiques clairs et à un propos très général et confus. Les auteurs tapent sur la science, semblant confondre la science et les applications de la science, tout en se revendiquant de personnages douteux comme Jean-Marie Pelt.
Quelques exemples pour évoquer, justement, le sérieux scientifique du livre. Je cite :
L'azote est très présent dans l'atmosphère, puisqu'il représente 78,11 % de sa masse totale, contre 20,953 % pour l'oxygène, 0,934 % pour l'argon, alors que le taux de carbone n'est que de 0,038 %. Pour l'azote, cette masse représente en permanence plus de 45 000 tonnes de matières premières dont peuvent bénéficier directement l'écosystème et ses habitants...
Si je comprends bien (et ce n'est pas évident), ils affirment qu'il y a 45 000 tonnes d'azote dans l'atmosphère. C'est n'importe quoi. Et pas besoin d'avoir une thèse en physique pour remarquer que c'est bien, bien trop bas. Il faudrait multiplier ce nombre par quelque-chose comme 80 milliards pour s'approcher du bon nombre. Sacrée marge d'erreur.
Ensuite, leur expérience pour prouver l'efficacité de différents types de paillage. Ils installent 3 lots de 2 courgettes (c'est peu mais admettons), le premier avec un mulch d'adventices, le second avec un mulch de BRF, le troisième avec un mulch épais de racines et déchets verts grossiers de type ronce. Le troisième lot produit plus, ce qui confirme leur propos. Ou pas : ce test est absolument risible, puisqu'alors que le premier lot avait précédemment hébergé choux et poireaux, et le second des pommes de terre, le troisième accueille sa première culture après en plus toute une année de paillage riche. Alors oui, le sol qui n'avait pas été appauvri (et au contraire enrichi) l'année précédente produit plus. Sans blague.
Allez, un dernier point. Je cite, en vous épargnant les retours à la ligne entre chaque phrase :
La théorie commune partage le monde vivant en deux règnes : animal et végétal. Sauf que voilà, il y a des êtres vivants rebelles dont on considère qu'ils ne rentrent pas dans ces cases-là. Et patatras, des siècles de certitude qui s'écroulent... Bref, on cherche toujours la place des bactéries, actinomycètes, mycètes (les fungus, ou champignons), mais aussi des algues, dans le règne du vivant !
Juste : non. Évidemment, la science est en perpétuel mouvement et de nouvelles connaissances viennent en détrôner ou complexifier des précédentes, mais là, on n'est pas loin du pur mensonge obscurantiste. La « théorie commune » s'accorde actuellement sur une classification à sept règnes et développe une vision complexe et détaillée de l'évolution de ces différents règnes.
Je m'arrêterai là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire