Dans la même veine que Le greffage et la plantation des arbres fruitiers d'Evelyne Leterme, De la taille à la conduite des arbres fruitiers est, je crois, une référence aussi bien pour les pros que les amateurs. Cette fois, plus de 300 pages en grand format avec des tonnes de photos et de schémas. Les fruitiers évoqués sont les suivants : abricotier, amandier, cerisier, châtaigner, cognassier, figuier, kiwi, noisetier, noyer, olivier, pêcher, poirier, pommier, prunier et raisin de table.
Il est clair que ce n'est pas particulièrement accessible comme bouquin : il y a un vocabulaire très spécifique, qui fait l'objet d'un glossaire de pas moins de 8 pages, et même après avoir tout lu je suis encore bien loin de le maitriser. On ne fait pas face à une simple liste de conseils de taille : il s'agit de comprendre ces végétaux et d'adopter un comportement approprié à une grande diversité de facteurs : objectifs de production, conditions climatiques, et le tout selon la variété spécifique. En effet, il existe pour chaque fruitier une telle diversité de variétés, d'autant plus quand on ajoute les variétés de porte-greffes, et ces variétés ont des spécificités si différentes, qu'il est difficile de traiter une même espèce d'une façon unique. D'ailleurs, le "progrès" variétal est constant, et il est frappant de constater à quel point de nombreuses variétés fruitières dont on a l'habitude sont en fait extrêmement récentes. Souvent, ces variétés sont adaptées à des conditions de verger intensif, conditions qui ne pourront pas se retrouver ailleurs.
Je ne fait que commencer à effleurer ces questions, et je suis très loin d'avoir bien saisi tout ce que j'ai pu lire ici, je ne vais donc pas aller dans les détails. Je ne doute pas que ce livre va m'accompagner pendant les années à venir, et je l'ai d'ailleurs déjà utilisé de façon pratique (sur vignes et scion de pêcher que j'ai coupé pour le développer en multi-axes). Je fais moins le malin face à pommier, figuiers et poiriers déjà établis, et pruniers tout justes plantés, il va falloir que je relise des passages avec attention ! Je n'ai pas grand-chose à reprocher à ce bouquin passionnant, si ce n'est peut-être une certaine hétérogénéité entre les chapitres, écrits par des auteurs différents car spécialistes.
S'il ne fallait retenir qu'une chose, c'est que la plupart des tailles "de forme" traditionnelles, encore répandues aujourd'hui, ne sont en fait basées sur aucun fondement solide, si ce n'est que les tailles sévères étaient la norme à la campagne car elles poussaient l'arbre à croitre, ce qui était utile pour l'élever au-dessus des cultures et des pâturages quand l'arbre fruitier servait avant tout de clôture en bord de champ. Ainsi, dans le livre, il s'agit essentiellement d'accompagner le développement naturel et de le guider dans une direction avantageuse. Anecdote n°1 : on sait que les figues sont en fait des fleurs, et qu'elles sont fécondées par un insecte, le blastophage (qui d'ailleurs passe l'hiver dans les figues non comestibles du figuier mâle alias caprifiguier) ; mais il se trouve que la plupart des figuiers domestiques communs n'ont pas besoin d'être pollinisés par l'insecte. L'insecte est présent dans le sud de la France, où peuvent donc être cultivées les variétés San Pedro, qui elles ont besoin de lui. Anecdote n°2 : il y a aussi une énorme diversité de porte-greffes, la plupart récents et artificiels, et ceux-ci peuvent avec le temps se propager de façon sauvage. J'y penserai quand j'essaierai d'identifier des myrobolans par exemple, peut-être introduits en Europe sous forme de porte-greffes.
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