mercredi 17 mai 2017
Metro 2034 - Dmitry Glukhovsky
Si Metro 2033 m'avait enthousiasmé, sa suite est loin d'avoir eu le même effet. Comme l'indique le titre, on est environ une année après le premier roman. Dans une station un peu paumée du métro, des phénomènes étranges commencent à se produire : des gens disparaissent, meurent, une station ne répond plus. Hunter, laissé pour mort dans le roman précédent, prend la situation en main avec quelques compagnons. Il semblerait qu'une épidémie mortelle menace le métro, et le compte à rebours est lancé pour éviter la contamination.
Dans Metro 2033, le personnage principal, c'était le métro. Toutes les errances d'Artyom, toutes ses rencontres, permettaient au lecteur de se faire petit à petit une image de ce vibrant monde souterrain. Le métro prenait vie au fur et à mesure qu'Artyom l'explorait, parlait avec les gens rencontrés par hasard et échappait à la mort. L'intrigue globale, si elle servait de fil conducteur et offrait un final plutôt réussi, était une invitation au voyage, une quête initiatique. Mais dans Metro 2034, il n'y a plus grand chose à découvrir, et Glukhovsky ne s’embête pas à créer des terrains inconnus. A part le début qui se passe dans une nouvelle station, la plus grande partie de l'intrigue se déroule dans des endroits déjà connus du lecteur du précédent roman. C'est d'autant plus gênant que Glukhovsky se sent obligé de tout réexpliquer pour les nouveaux venus. On pourrait supposer que si l'accent n'est pas cette fois mis sur l'exploration du métro, c'est que l'auteur s'est concentré sur l'histoire. Là aussi, déception. Il ne se passe pas grand chose, il n'y a guère d'enjeux. Tuer les gens contaminés ou trouver une cure, c'est tout. En plus, c'est encore plus bavard qu'avant, je me suis souvent senti obligé de lire une ligne sur deux pour ne pas m'ennuyer.
Le truc, c'est que Glukhovsky a décidé d'écrire un roman intime et de se concentrer sur quelques personnages. Hunter, mélange entre un ours sauvage et un sous-marin nucléaire, est un cliché ambulant. Fort, viril, sans peur, courageux, violent, indépendant, torturé... Mouais. Son compagnon, Homère, est un peu plus intéressant. Il est vieux et n'a qu'une ambition : écrire un roman. S'il se lance à l'aventure, c'est pour trouver l'inspiration. Dommage que ses interminables doutes et monologues ne soient guère passionnants. Artyom est de retour, aussi. On se demande bien pourquoi, car vu qu'il n'y a aucun rapport avec ses aventures précédentes, il se contente de jouer un rôle secondaire que n'importe qui d'autre aurait pu remplir. Jusque là, rien de génial, mais rien non plus de vraiment horrible. Le véritable problème, c'est Sacha, une jeune fille de 17 ans. Quand on lit de la SF des années 50 ou 60, on n'est guère surpris par le sexisme ambiant. On ne s'en réjouit pas, mais bon, c'est l'époque, alors on se concentre sur autre chose. Mais là, ce roman a été publié en 2009, et Sacha est tout simplement insupportable. Dans Metro 2033, il n'avait aucun personnage féminin, et il faut croire que ça valait mieux. Sacha n'existe qu'en tant que femme. Les hommes ont des personnalités, des ambitions, des particularités, et Sacha, elle, est juste une représentante de son sexe. C'est à dire qu'elle sert de princesse en détresse (plusieurs fois) et d’intérêt amoureux (à plusieurs personnages masculins). Elle est définie par son innocence, sa compassion et sa beauté. Elle est un peu crasseuse, mais heureusement les hommes lui apprennent à se faire jolie. Comme c'est une faible femme, elle ressent le besoin pressant de s'accrocher à un homme fort pour qu'il la protège. Quand elle se fait rejeter, et bien cette conne va à la surface se suicider lentement en attendant que son homme vienne la chercher. Et tout ça c'est, je cite, dans la « nature féminine ». Qu'est-ce que cette nature ? Un instinct qui ordonne « de trouver un tronc puissant auquel s'accrocher » car, « laissée à elle-même, elle était condamnée à toujours ramper au ras du sol. » Ah oui, quand même. Heureusement, les femmes ont quelques dons, puisqu'elles maitrisent « d'instinct l'art de diriger un homme amoureux ».
Bon, même si on passe sur le sexisme, le fait est que les personnages et leurs interactions, qui constituent le cœur du roman, sont plus que passables, voir absolument médiocres. Sérieusement, certains dialogues sont ridicules. Si Dmitry Glukhovsky excellait à captiver le lecteur quand il s'agissait de lui faire explorer les couloirs sombres et dangereux du métro, avec leur faune humaine ou non, il échoue totalement quand il se concentre sur le développement de personnalités et de relations humaines.
410 pages, 2009, l'atalante
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