Un autre roman court de Stefan Zweig, particulièrement excellent ; le concept est simple et brillamment exécuté. Notre narrateur, jeune étudiant dissipé, fait la rencontre d'un professeur qui le fascine et il se laisse prendre sous son aile. Cependant, ce prof est homosexuel. Ce n'est jamais dit clairement pendant la majorité du récit, mais bien entendu, le lecteur comprend très rapidement, à l'inverse de notre narrateur, tout benêt, complètement neuneu. Innocenté par sa jeunesse et sa sincérité, il se laisse emporter par les élans et les marrées de cette relation qu'il ne comprend pas, étranger qu'il est à ses propres émotions, sentiments et désirs.
Bien entendu l'écriture de Zweig fait des merveilles, mais plus profondément, il façonne une véritable tension qui naît et se déploie au fil du récit. C'est en partie une tension connue, classique, celle de la relation amoureuse frustrée, à priori impossible. Au début, on s'amuse de notre narrateur, et on rigole devant certaines phrases qu'on peut interpréter sexuellement (bon ça ce n'est peut-être que moi). Puis les enjeux grimpent, on prend plus au sérieux la situation tragique de l'homosexuel coincé dans une société où il est impossible de vivre ouvertement l'homosexualité, jusqu'à un final brillant qui parvient à tout expliciter en quelques pages sombres et saillantes. Je suppose qu'en 1927, c'était d'autant plus édifiant, mais même aujourd'hui, La Confusion des sentiments n'a aucunement à rougir du portrait qui y est dressé de l'homosexualité et de sa répression — répression venue de l'extérieur comme de l'intérieur.
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