Typiquement ce qu'on appellerait un « bon petit roman ». C'est très concentré, très focus (haha), parfois un peu facile tant tout s'agence de façon bien pratique pour faire avancer la trame, mais on lit le tout avec plaisir, tant le suspense, le ton et l'analyse psychologique des personnages (surtout du protagoniste) fonctionnent bien.
Martial Gaur, photographe blessé pendant l'un de ses nombreux reportages de guerre, se retrouve à photographier des starlettes pour gagner sa vie, et ça l’insupporte, lui qui ne rêve que d'une chose : prendre la photo, celle qui fera rougir de jalousie ses collègues et gravera son nom dans la postérité. Malgré son passé dans le petit monde militant de l'extrême droite, il n'est plus de tout politisé. Au contraire, entièrement absorbé par son art, il observe le monde avec distance, ne songeant qu'à immortaliser certains moments puissants avec un angle et une lumière adaptés. Mais voilà que son passé vient frapper à sa porte et qu'il se retrouve malgré lui impliqué dans un complot pour assassiner le président... Horreur ! A moins que... n'y aurait-il pas là l'occasion de... prendre la photo ?
Et le voilà qui se retrouve à manipuler les manipulateurs pour amener le président dans le bon cadre, au bon moment, avec les tueurs au bon endroit, et lui-même à portée pour saisir à la fois un plan d'ensemble et un gros plan. Tout ce jeu de dupes est assez marrant, et bien que les motivations de certains personnages secondaires soient assez faibles, notre protagoniste porte l'ensemble sur ses épaules, avec son extrême détachement artistique et son obsession morbide. Le final parvient à offrir une culmination satisfaisante, où toutes les pièces du puzzle s'assemblent dans un tableau intense et cocasse.
Un thème classique, celui de l’obsession, exploré avec une certaine légèreté. Ça m'a rappelé le récent film Nightcrawler, un peu moins léger, où on retrouve la même obsession de saisir l'image frappante. L'auteur de la Planète des singes, des Vertus de l'enfer et des Jeux de l'esprit livre là de quoi me donner envie de continuer à farfouiller dans sa bibliographie à l'occasion.
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