Troisième chapitre du gros recueil La Terre, le vivant, les humains, publié par le muséum d'histoire naturelle. Cette fois, je n'ai fait que survoler l'intro dispensable avant de plonger dans les articles, mais je note page 228 une jolie carte de "l'avancée de la néolithisation en Europe", c'est-à-dire de l’arrivée progressive de moutons, chèvres, blés et pois depuis le Proche-orient à partir de -8500.
Chapitre I : Histoire(s) de la planète
Chapitre II : Histoire(s) de la vie
Chapitre III : Histoire(s) des humains et de leurs sociétés
Ce n'est pas une évidence : les néandertaliens avaient un plus gros cerveau que les Homo sapiens du paléolithique, 1600cm³ contre 1500cm³ (en moyenne). Encore moins évident, cette taille a depuis diminuée, tombant à 1350cm³. Ainsi, s'il y a évidemment une certaine corrélation entre taille du cerveau et intelligence, difficile de tirer la moindre conclusion de cette information. La taille du cerveau a dans l'ensemble augmenté progressivement depuis les origines de l’humanité, origines qu'un superbe graphique résume page 239 : on y trouve les diverses espèces humaines, contemporaines ou non d'Homo sapiens, dont nous avons connaissance. Et, quand on juge du caractère très récent de la découverte de certaines de ces espèces, nul doute que cette connaissance est encore fragmentaire. Si sur le tableau toutes les espèces sauf la nôtre ont l'apparence d'impasses évolutionnaires, il ne faut pas oublier les hybridations qui ont eu lieu.
L'article "La violence est-elle propre aux humains ?" évoque une question passionnante dont le traitement en une mince double page laisse un peu frustré. On le sait, les animaux aussi s'entre-tuent : des rouge-gorges aux marmottes en passant par les hyènes, on se massacre pour le territoire et la dominance. On pourrait multiplier les anecdotes peu ragoutantes. "Il apparait que la violence létale survient lorsque les espèces sont à la fois sociales et territoriales." Et cette violence a un fort caractère inné, elle s'hérite. Chez les humains et leurs ancêtres, on note une nette progression de la violence avec le temps : de primates à grands singes puis humains, la violence augmente. Ceci dit, une fois que les humains forment société (sociétés fortement décidées par la géographie), le degré de violence devient plus déterminé par la société que par, disons, la nature humaine. Les petits royaumes sont toujours plus violents que les grands États, car ces derniers sont bien plus efficaces à maintenir le monopole de la violence. Les rôles de la violence dans la nature sont certainement multiples, mais la protection du territoire est un facteur capital, car le territoire influe de manière directe sur la capacité à avoir et faire survivre une progéniture. Elle sert aussi à s'assurer des capacités reproductives (combats pour les femelles chez certaines espèces), à réaliser des infanticides (un mâle forçant ainsi une femelle a s'ouvrir à une nouvelle opportunité reproductive) ou au contraire à se protéger des infanticides.
Il y a beaucoup d'articles sur la domestications des plantes et des animaux, du chien au chat en passant par le cacao et le maïs. Il est toujours frappant de se rappeler à quel point le paysage végétal et animal du monde a si drastiquement changé au cours des 10000 dernières années. L'origine du palmier dattier par exemple, plante typique des régions désertiques, est, comme souvent, complexe. Il s'agit clairement d'une plante domestiquée qui s'inscrit dans des contextes artificiels, et j'apprécie cet aperçu des palmeraies traditionnelles, structurées en trois strates : les palmiers dattiers ombragent des fruitiers (orangers, bananiers, grenadiers, pommiers) qui eux-mêmes ombragent les plantes basses (maraichage, céréales, fourrage). Plus récemment encore, il est bon de se rappeler toutes ces plantes si familières qui n'existaient pas dans l'ancien monde avant d'être ramenées des Amériques : tomates, poivrons, haricots, pommes de terre, cacao, courges, piments...
Quand on s'intéresse au régime alimentaire de nos ancêtres, un biais surgit : la consommation de matières végétale ne laisse pas de traces, contrairement à celle de la viande, qui laisse derrière elle beaucoup d'os. Autre biais, moins fort mais bien réel : la variation du niveau de la mer fait que bien des habitats côtiers, où on mangeait beaucoup de poisson, sont désormais sous l'eau et inaccessibles. Mais depuis peu, on peut utiliser le tartre dentaire de nos ancêtres pour se faire une idée de leur alimentation végétale. On y trouve des traces de graines, de légumineuses et de tubercules, mais aussi de diverses plantes non comestibles mais médicinales, comme du peuplier (~aspirine) et de moisissures de Penicullium. La consommation occasionnelle de graines de graminées sauvages et de tubercules a dû jouer un crucial dans l'évolution d'un microbiote capable de digérer l'amidon (ce dont les autres primates sont incapables), première étape à l'avènement de l'agriculture.
Autre évolution des habitudes alimentaires, celle-là bien connue : la capacité à digérer le lait frais. Je déjà dû le lire, mais je le note encore : il semble que cette capacité ait évolué cinq fois différentes, belle exemple d'évolution convergente, et aussi bel exemple de l'adaptabilité de la génétique : il s'agit de cinq mutations proches, mais bel et bien différentes. Différents chemins pour un même but.
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