dimanche 5 mai 2019

The Razor's Edge - Somerset Maugham

The Razor's Edge - Somerset Maugham

J'avais déjà rencontré Somerset Maugham avec On Human Bondage, un pavé abandonné rapidement. Mais après avoir beaucoup apprécié The Razor's Edge, je lui donnerai sans doute une deuxième chance. Ce roman est essentiellement une étude de personnages. Elliot, l'homme du haut monde, qui ne s'inquiète que de maintenir sa position dans la bonne société. Isabel, prête à renoncer à la sincérité au profit du confort, du luxe et de la réussite. Et enfin Larry, l'idéaliste, qui recherche Dieu, la vérité, l'absolu, et qui ira jusqu'en Inde pour accomplir sa quête de sens. Il y a aussi d'autres caractères secondaires, non moins réussis.

Ce qui fait fonctionner l’ensemble, c'est la façon dont l'auteur met en place tout ce joli monde à travers ses propres yeux, à la façon d'un prétendu témoignage. Ainsi, l'auteur, d'abord en retrait, devient peu à peu un personnage à part entière, et peut-être même le plus attachant. On se demande un peu pourquoi il est ami avec toutes ces personnes (qu'il a l’étonnante manie de croiser par hasard), étant donné que bien souvent il est presque agressif : il les met face à face avec leurs désagréables vérités. Mais ça fonctionne : le personnage de l'auteur est un observateur calme, un peu cynique, que l'on imagine bien habillé, naviguant entre les mondes sans jamais se défaire d'un sourire ironique à peine perceptible.

Quand Larry fait ses grands discours sur le mysticisme oriental, je craignais que l'auteur ne s'y embarque lui aussi. Mais non, au contraire, il est sceptique, il doute, il se place en opposition. Il regarde les autres personnages et leurs modes de vie sans les juger trop sévèrement, mais presque avec une appréciation esthétique, comme si les trajectoires de ces existences n'étaient pas moins des œuvres dignes d'attention que ses propres romans. Et il ressort de ces existences une impression d'artificialité que, finalement, seule la vie mi-contemplative, mi-créatrice de l'artiste peut espérer contrecarrer. Pourtant, dans des dernières lignes très habiles, Somerset Maugham rappelle que tous ses personnages doivent certainement être heureux : ils ont chacun obtenu ce qu'ils cherchaient. Mais reste à savoir quoi chercher.

1944, 314 pages, pan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire