Un bon space opera, ça fait du bien de temps en temps. Ah, le frisson provoqué par la confrontation avec l’inconnu absolu, le vertige qu'apporte cette sensation de se sentir si petit, si insignifiant par rapport aux échelles de temps et d'espace qui régissent l'univers ...Voyons si ce premier tome du cycle des Inhibiteurs est un bon représentant du genre.
Pendant les 890 pages de L'espace de la révélation, le lecteur va vivre l'histoire à travers le point de vue de trois personnages. Sylvestre a hérité de son père le pouvoir, l'argent et le savoir. Il a plus de 200 ans, et porte au début du roman les casquettes d'archéologue et de dirigeant politique de la planète Resurgam, modeste colonie scientifique. Il a été attiré dans ce coin perdu car il est fasciné par les Amarantins, une race intelligente disparue depuis un million d'années lors d'un cataclysme inexplicable. Volyova est une Ultra, elle se ballade dans l'espace à bord du Spleen de l'Infini, un gigantesque vaisseau ne comportant qu'un équipage très réduit. Ces marins des étoiles sont habitués à la solitude, aiment modifier et améliorer leur corps à l'aide de machines, et à cause de leurs voyage à une vitesse proche de celle de la lumière, leur perception du temps est bien différente de celle des rampants. Ils se mettent en quête de Sylvestre, le seul à pouvoir sauver leur capitaine, atteint d'une maladie dégénérescente qui touche ses nombreux implants électroniques. Khouri est une tueuse qui va se voir confier par un personnage mystérieux la mission d'éliminer Sylvestre. Pour cela, elle va devoir s'embarquer en cachant ses véritables intentions à bord du Spleen de l'Infini.
Et tout ça, ce n'est que le point de départ. Il faudra à ces personnages des dizaines d'années d'attente et de voyage pour se retrouver ensemble, confrontés à ce qui ressemblera fort à une menace extraterrestre. Mais ce n'est ici que le premier tome d'une série, tous les mystères ne seront pas explorés jusqu'au bout : la plupart des conflit opposent les personnages humains entre eux. Quoi que, ces derniers sont souvent influencés par des puissances étranges, ou alors ont eux même dépassé le stade d'humain ...
Tout d'abord, il est évident qu'Alastair Reynolds ne se distingue pas par la qualité de sa plume. C'est un scientifique plus qu'un écrivain, et cela se sent. L'écriture est banale, les personnages ont du mal à être crédibles, les dialogues sont parfois à coté de la plaque. L'auteur utilise aussi un peu trop souvent la technique suivante : des personnages s'échangent des révélations dont le lecteur est exclu. C'est une façon assez grossière de pousser le lecteur à tourner les pages, et cela donne la désagréable sensation que les personnages en savent plus que nous. Tout cela est fort regrettable, mais bon, tout le monde ne peut pas écrire du space opera avec la même plume que Iain M. Banks.
Malgré tout, cela ne m'a pas empêché de dévorer le roman avec grand plaisir. Il faut dire qu'Alastair Reynolds a de l'imagination. Son univers est un régal pour tout amateur de science fiction et regorge de bonnes idées qui rendent le récit intéressant. L'intrigue est globalement riche, passionnante et non manichéenne. Malgré quelques longueurs, elle réserve son lot de surprises étonnantes et bien pensées. De plus, L'espace de la révélation a le bon gout de proposer une véritable fin, ce qui fait qu'il peut se lire sans pour autant que le lecteur ne se se sente obligé d'enchainer sur les trois autres pavés qui lui font plus ou moins suite.
Finalement, comme souvent dans le genre, l'écriture est banale mais est avant tout au service d'un univers et d'une histoire. Et de ce coté là, aucun doute, c'est réussit. Donc oui, L'espace de la révélation est un space opera qui mérite qu'on lui accorde de l'attention.
893 pages, 2000, Pocket
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