lundi 20 mai 2013

L'idiot - Dostoïevski


Dostoïevski

L'idiot qui donne son titre à ce long roman de Dostoïevski est en fait loin d'en être un. Dans sa jeunesse, il était certes totalement inapte à vivre en société, mais quand commence le roman, il rentre de cinq années de cures en Suisse et se porte plutôt bien. A vrai dire, il est même intelligent, et sait parfois comprendre ses interlocuteurs mieux que personne. Pourtant, la réputation d'idiot lui colle à la peau, et même ceux qui le connaissent bien et l'estiment ne peuvent parfois s’empêcher de le désigner ainsi. En effet, le prince Mychkine est quelqu'un de particulièrement bon. Il est naïf, gentil, se laisse emporter par ses idées, ne sait pas prendre de recul par rapport aux événements et à lui même. Malgré son intelligence, il est incapable d'envisager et de comprendre le mal. Bien évidement, une telle figure christique ne peut pas être à sa place dans le monde réel.

Le prince Mychkine, dès son retour en Russie, va être catapulté dans la vie mondaine et entouré d'un très grand nombre de personnages (une quarantaine selon Wikipédia, mais Dostoïevski sait manier sa plume, et un inventaire des personnages est disponible en début de roman). Parmi toutes ces personnalités secondaires, quelques-unes vont occuper le devant de la scène avec le prince, jusqu'à former une sorte de carré amoureux. On s'en doute, les choses ne risquent pas de se passer facilement. Chacun aime autant qu'il hait, sauf le prince, qui quand à lui est totalement inconscient des usages qui entourent l'amour dans cette Russie du XIXème siècle. De plus, les désirs négatifs sont légions, la voie la plus simple et la plus logique n'est jamais celle qu'empruntent les personnages. Si le roman, assez hétérogène, passe de ton en ton, il y a peu d’espoirs pour que la conclusion ne soit pas tragique. La construction du récit est également un peu différente de ce à quoi m'avait habitué Dostoïevski. Ici, on a presque pas de vision subjective des héros, pas de longs monologues intérieurs qui par exemple rendaient le Raskolnikov de Crime et Châtiment et le narrateur du Sous-Sol si passionnants et fascinants. Cela m'a parfois un peu manqué. Certes, L'idiot est finalement un roman à héros multiples, mais de ce coté là, Les Démons me semble meilleur, car contrairement à L'idiot, je ne me souviens pas avoir eu à sa lecture le sentiment que certains passages étaient inférieurs à d'autres (mais ma mémoire peut me tromper, et peut-être suis-je devenu plus exigeant en apprenant à connaitre l’œuvre de Dostoïevski).

Malgré ces quelques réserves, L'idiot est sans conteste un très grand roman. Et si j'en sort peut-être un poil déçu, c'est tout à l'honneur de Dostoïevski : décevoir un lecteur avec un excellent roman, ce n'est pas donné à tout le monde.

900 pages, 1869, le livre de poche

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