samedi 25 mai 2013

La guerre des salamandes - Karel Čapek


Karel Čapek


La guerre des salamandres de Karel Čapek, écrivain Tchèque, m'a tout de suite fait penser à La guerre des mouches de Jacques Spitz. Non seulement les deux romans ont des titres très semblables, mais ils ont été écris à deux ans d’intervalle : 1936 pour le premier et 1938 pour le second. Et ils partagent cette même vision d'une humanité en guerre contre des animaux à l'intelligence anormalement élevée, le tout dans un humour noir absolement délicieux.

Le roman de Karel Čapek n'a pas de héros à proprement parler, il se contente plutôt de raconter tous les événements de la cohabitation entre les humains et les salamandres, en faisant parfois appel à des textes scientifiques ou des articles de journaux. Tout commence lorsqu'un capitaine chargé de récolter des perles tombe par hasard sur une colonie de salamandres anormalement intelligentes. Il va se servir d'elles pour récolter ses perles, et plus tard, avec l'aide d'un puissant investisseur, l'utilisation des salamandres va trouver de nouveaux débouchés. En effet, elles sont parfaites pour effectuer toutes sortes de travaux sous-marins et ne semblent demander en échange rien d'autre que de la nourriture et des matières premières. Et voilà que des millions puis des milliards de salamandres occupent les cotes de tous les pays du monde ... Et quand je dis qu'elles sont intelligentes, c'est vraiment le cas : elles apprennent facilement les langues humaines ou encore décrochent des doctorats. 

L'écriture de Karel Čapek est un régal de fausse innocence. Avec l'air de quelqu'un qui raconte des faits pas très originaux, il se moque de la bêtise ambiante et des réactions absurdes des humains face au problèmes des salamandres. L'humour noir est parfaitement maitrisé, mais au fur et à mesure que l'on progresse dans le récit, le ton change et devient vers la fin franchement dramatique et terriblement pessimiste (ou plutôt lucide). Sous prétexte que c'est bon pour l'économie, l'humanité s'obstine dans un comportement illogique et autodestructeur ... Au fond, ce ne sont pas les salamandres contre les hommes, ce sont les hommes contre les hommes, et en cela le roman n'a pas pris une ride. 

Un ton général légèrement absurde qui fait la part belle à un humour satirique fin et pertinent, une utopie du progrès qui tourne (très) mal à cause de l'aveuglement humain ... La guerre des salamandres, c'est vraiment excellent, mangez-en sans modération (le roman, pas les salamandres).

1936, 301 pages, Bibliothèque marabout

Lire l'avis de Cachou.

3 commentaires:

  1. J'en garde un très très bon souvenir (et je suis contente de l'avoir dans l'édition Cambourakis, qui est de surcroît très agréable à l'oeil ;-p).

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  2. C'est sur que cette édition là, visuellement, c'est pas le top ... mais 1€ dans une brocante ! Et j'ai vu que dans l'édition Cambourakis tu disais que la mise en page était parfois pas pratique du tout, c'est pareil ici, au milieu du roman, mais rien qui pourrait empêcher de l'apprécier.

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  3. L'édition des éds. La Baconnière de La Guerre des Salamandres a une mise en page très claire, elle est très agréable à lire ! De plus, c'est l'édition d'Ibolya Virag qui a redécouvert le roman il y a une dizaine d'années sous son propre label et qui travaille maintenant chez cet éditeur.
    (en revanche je n'aime pas les livres de Cambourakis, mal fabriqués, et surtout parce que je sais que souvent il ne respecte pas les droits d'auteur. Il lui est déjà arrivé de publier des livres sans avoir signer avec leurs auteurs ! Il ne s'intéresse en fait qu'à se faire un nom sur le travail des autres maisons d'édition, sans se fatiguer...)


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