jeudi 29 mars 2018

Terre brulée - John Chistopher


Terre brulée - John Chistopher omnibus catastrophes

Le titre anglais de ce roman est plus parlant : The death of grass. En effet, un virus se met à détruire toutes les graminées du monde, c'est à dire toute l'herbe et toutes les céréales. Heureusement, il reste les pommes de terre, mais on devine que l'humanité n'est pas prête pour tel changement. La chute commence en Asie, et les européens regardent de haut ces pays déjà barbares s'écrouler. Puis la glorieuse Angleterre est frappée.

Le roman commence de façon un peu bavarde en présentant ses personnages avec une masse de dialogues pas toujours très intéressants. Mais quand ça commence, ça commence vraiment. Terre brulée est d'une rare brutalité. Un petit groupe se forme, et les voilà fuyant Londres pour aller se réfugier dans une ferme isolée par des montagnes infranchissables à l'autre bout de l'Angleterre. Les personnages principaux comprennent avec une rapidité troublante que pour survivre dans la nouvelle réalité qui se présente à eux, il faut tuer ou être tuer. Le gouvernement aussi l'a compris : il tente d'atomiser les principales villes du pays pour avoir moins de bouches inutiles à nourrir. A travers ce qui se présente comme un road novel, John Christopher démolit avec brio le vernis civilisationnel. Pour défendre leur tribu, des citoyens comme les autres se transforment en tueurs de sang-froid, non pas du jour au lendemain, mais d'une heure à la suivante. Il faut tuer par prévention. Tuer pour avoir un endroit où passer la nuit. Tuer pour un peu à manger. Abandonner les faibles à leur sort. Tolérer voire récompenser les forts malgré leur éthique discutable parce qu'ils sont un atout crucial pour la tribu. Et cette descente vers la brutalité pragmatique culmine dans un final qui achève de briser les anciens codes.

Ce qui marque dans le roman de John Chistopher, c'est qu'il n'hésite pas à pousser ses personnages à agir en tueurs. Dans d'autres romans du genre, ce pourrait être les autres qui agiraient ainsi, les antagonistes, qui tueraient de sang-froid, pendant les héros lutteraient contre cette violence. Mais ici, ceux qui se laissent aller à la pitié se font impitoyablement écraser. Alors les survivants sont ceux qui laissent l'ancienne morale derrière eux. Avec comme espoir à long terme, comme excuse à leurs agissements, de pouvoir reconstruire un havre de paix. Un classique à placer à côté de The day of the Triffids, dont il n'a pas l'élégance mais qu'il surpasse en férocité.

En un sens, j'ai le sentiment que ce serait plus juste que le virus gagne. Depuis des années maintenant, nous traitons la terre comme si elle était une gigantesque tirelire à dévaliser jusqu'au dernier sou. Alors que la terre, après tout, est la vie elle-même.

1956, omnibus

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