dimanche 20 octobre 2013

Les meilleurs récits de Amazing Stories


Les meilleurs récits de Amazing Stories

Rapide présentation extraite de la quatrième de couverture : "Amazing Stories est la plus ancienne revue de science-fiction au monde. C'est grâce à elle que la SF a pu se constituer en genre littéraire séparé dans les années 30." Hop, c'est parti pour une petite leçon d'histoire.
  • Abraham Merrit est présenté comme ayant été un modèle pour Lovecraft, et l'on comprend pourquoi avec Les êtres de l'abime (1919). Un coin perdu et mystérieux, des explorateurs, une civilisation oubliée et clairement non humaine ... Il y a de quoi s'amuser avec de tels ingrédients, et cela fonctionne plutôt bien. Un bon texte qui lorgne plus vers le fantastique que la SF.
  • Dans L'arrivée des glaces (1926) de Peyton Wertenbaker, un homme immortel profite de ses derniers instants, dans plusieurs millions d'années, pour nous raconter sa vie. On a donc droit à une petite histoire du futur très plaisante, accompagnée d'intéressantes réflexions sur l’immortalité. Pas mal du tout. 
  • La guerre du lierre (1930) de David Keller a un titre très évocateur. Un maire, un explorateur et un biologiste se rendent compte qu'une espèce de lierre un peu trop intelligente et dangereusement vivace serait à l'origine de l'abandon de villes antiques ... et pourrait faire un petit come back. Un chouette récit de lutte contre un envahisseur végétal.
  • Le dernier homme (1929) de Wallace West est une dystopie qui a un peu (beaucoup) vieillie. Le dernier homme en question n'est pas le seul survivant de l'humanité, mais bien le dernier homme : les femmes dominent le monde. Dans une société productiviste et décadente, les femmes, n'ayant plus besoin de plaire (la reproduction est prise en charge par une machine et les hommes, devenus inutiles, ont été éliminés), ont perdu leur "féminité" et sont devenues presque asexuées. Cette vision de la sexualité féminine n'ayant plus de raison d’être sans les hommes est aujourd'hui assez marrante. Sinon, le dernier homme va se trouver une femme à l'ancienne (c'est à dire sexuée et sensuelle), et ils vont partir dans la montagne fonder une nouvelle civilisation ... à deux. Mouais. Un texte sympathique à lire d'un point de vue historique, mais guère plus.
  • On continue dans la dystopie avec Les cités d'Ardathia (1932) de Francis Flagg, un texte assez inspiré de Métropolis. On y retrouve la classique division de la société entre classe laborieuse et classe dominante. Un révolution se prépare, et une jeune privilégiée va découvrir l'enfer quotidien des ouvriers. Malgré ces thèmes aujourd'hui dépassés et mille fois revus, cette nouvelle s'en sort bien, notamment grâce à sa fin qui se projette 500 ans dans le futur pour observer les conséquences des événements décrits précédemment.
  • Le sous-univers (1928) de R.F. Starzl parvient en dix pages à aligner un nombre assez incroyable d'absurdités. Un savant envoie sa fille et son assistant dans l’infiniment petit, et la nouvelle embrasse la théorie selon laquelle les atomes sont des univers propres à une autre échelle, dans lesquels le temps s'écoule à une vitesse infiniment plus rapide. Le savant a fait des expériences en envoyant et ramenant des objets, mais cela ne tient pas debout : selon les chiffres donnés à la fin de la nouvelle (30 minutes dans le sous-univers = des millions d'années dans le notre), un objet qui y resterait 5 secondes à notre échelle y passerait en fait des millénaires, et serait donc réduit en poussière ou au moins suffisamment  amoché pour éveiller quelques soupçons. Ensuite, il envoie des animaux, qui bien sur ne reviennent pas. Il suppose que les animaux sont tout simplement partis gambader de leur coté. Il n'a absolument pas l'idée d'envoyer un lapin dans une cage pour vérifier. Bien sur, quand vient le tour de sa fille et de son assistant, les choses tournent mal. En essayant de les ramener 30 minutes plus tard, il se retrouve avec sur les bras des membres d'une civilisation humaine ayant vécu des millions d'années depuis l'arrivée de ses deux membres fondateurs. Bon, alors c'est la deuxième fois déjà dans ce recueil : non, on ne fonde pas une civilisation à deux. Ensuite, que ces humains, après des millions d'années d'évolution, aient conservé la même apparence physique, c'est déjà peu probable, mais en plus qu'ils parlent anglais ... 
  • Dans La planète au double soleil (1932) de Neil R. Jones, un humain ayant passé des millions d'années en stase été récupéré par une sorte de race-machine d’explorateurs curieux, et après la greffe de son cerveau dans un corps de métal, il a rejoint leurs rangs. Les joyeux compères décident d'aller visiter une planète dans un système possédant deux soleils, et bien sur les choses vont mal tourner. Au final, on a un bon récit d'exploration faisant beaucoup penser à Pitch Black, qui charme grâce à ses personnages extraterrestres et sa fin réussie.
  • Armageddon 2419 (1928) de Philip Francis Nowlan est célèbre pour être à l'origine de Buck Rogers, héros qui a été ensuite décliné en BD et série TV. C'est la plus longue nouvelle, mais pas la plus intéressante, je n'en ai lu que 20 pages avant de laisser tomber. Dans le futur, les Mongols dominent le monde (si si) et les membres de la "race" Américaine vivent dans la forêt en attendant de prendre leur revanche. Le style très mou n'aide pas à franchir de cap de ce pitch pas vraiment tentant.
Si la dernière nouvelle, la plus longue, avait été plus intéressante, ce recueil aurait été globalement très bon. Malgré tout il s'en sort plutôt bien. C'est avec plaisir que l'on découvre les origines de la SF Américaine, et si parfois l'on peste un peu, au moins on ne peut que mieux comprendre et apprécier l'évolution du genre depuis 80 ans.

Dans le même genre (en mieux et plus orienté fantastique) sur ce petit blog : Les meilleurs récits de Weird Tales 1, Les meilleurs récits de Unknown

312 pages, Le livre de poche

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