mardi 29 mai 2012

Oussama - Norman Spinrad

Norman Spinrad est un habitué des sujets originaux et politiques (Rêve de fer, Les années fléaux, Jack Barron et l’éternité ...), et comme le dit bien la quatrième de couverture d'Oussama, "il confronte ses lecteurs aux grands enjeux contemporains". Oussama ne déroge pas à cette règle, et va peut être encore plus loin, puisque les fictions mettant en scène un (anti)héros islamiste, meurtrier multirécidiviste et surtout, terroriste convaincu, ne sont guère légion.

Dans un futur proche, le Califat est un vaste territoire regroupant la péninsule arabique et ses environs, qui tire sa richesse du pétrole et respecte strictement la loi coranique, ou en tout cas une certaine vision de cette loi. Le jeune Oussama, fraichement sortit des centres de formation des services secrets du Califat, se voit envoyé à Paris en tant qu'agent dormant. Tout d'abord, sa rencontre avec avec l'occident provoque chez lui un énorme choc, mais cela n'ébranlera pas ses convictions profondes. Son âme (ou plutôt son éducation) de djihadiste le poussera à commettre des actes de terrorisme au début presque innocents, mais cela se terminera par un bain de sang qui lui vaudra une renommée internationale en tant qu'Oussama le feu, le nom de guerrier qui lui à été donné par ses pairs. Le jeune Oussama est au fur et à mesure de ses actes et de ses découvertes de la réalité confronté à une profonde introspection, qui grâce à Allah ne l’empêchera pas de croire profondément en la cause de la guerre sainte. Par la suite, il se retrouvera sur les routes du Hadj (ou Hajj), pèlerinage annuel démesuré à La Mecque et cinquième pilier de l'islam, qui sera l'occasion de rencontres et de discussions théologiques. Là, il fera connaissance avec un homme qui l’amènera à se battre à nouveau en tant qu'Oussama le feu au coté des musulmans du Nigeria, contre le Grand Satan (l'Amérique), son armée de machines et ses pantins locaux. Plus l'on approche de la fin du roman, plus les choses prennent un aspect de crise internationale, où l'on assiste pour notre plus grand plaisir aux habiles manigances politiques des USA ...

C'est bien simple, Norman Spinrad nous livre avec Oussama un excellent roman d'anticipation et de guerre (psychologique). Le sujet avait tout du parcours du combattant, pourtant le défi est relevé avec brio. Le jeune Oussama, cauchemar absolu de l'occidental moyen, nous conte son histoire à la première personne. Ainsi, l'auteur évite tout risque de manichéisme, et Oussama ne parle pas en tant que vil ennemi de l'Amérique, mais en tant qu'homme de foi persuadé d'accomplir la volonté d'Allah. Bien sur, cela n'enlève pas aux yeux du lecteur l'horreur de ses actes, ni ne les excuse, mais d'une certaine façon les explique. De quoi montrer toute l’horreur du concept : "je ne suis pas responsable, c'est la volonté d'(insérez ici le Dieu de votre choix)."

606 pages, 2010, éditions J'ai lu

CITRIQ

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