Je m'étais procuré ce Zima Blue en même temps que Galactic North, un autre recueil de nouvelles d'Alastair Reynolds. Ce dernier m'avait laissé de marbre, au point de ne pas le terminer. Je me retrouvais donc avec ce Zima Blue qui ne me donnait guère envie. Je me suis dit que j'allais lire au moins la nouvelle éponyme, la dernière du recueil, qui a très bonne réputation : si celle-ci me plaisait, je lirais les autres.
Zima Blue (4/5)
Pas mal. Zima est un artiste cyborg qui multiplie les œuvres les plus démesurées, œuvres qui tournent autour d'une couleur particulière, le bien nommé bleu Zima. Mais pourquoi cette obsession pour ce bleu ? C'est ce que Zima a essayé de comprendre, plongeant dans son passé en bonne partie oublié — rien d'étonnant pour qui, dans ce futur lointain, vit des milliers d'années sans aide-mémoire artificiel. Certes, il va découvrir pourquoi ce bleu l'attire tant. On s'en doute : c'est pour une raison fondamentalement absurde. Il n'y a pas de grand sens transcendant, pas de révélation qui vient illuminer son œuvre passé, juste la compréhension d'une simple causalité matérielle. Zima embrasse cet absurde jusqu'à renoncer à la conscience. Je ne peux pas m'empêcher de penser que cette histoire aurait été meilleure si elle avait été écrite par Greg Egan, mais ça reste une bonne histoire. Soit, je vais reprendre le recueil du début.
The Real Story (2/5)
Retour à du très soporifique. Sur Mars, une journaliste et un vieux pionnier papotent du passé. C'est à peine s'il y a une trame, ça fait surtout worldbuilding, et je me suis rapidement mis à lire en diagonale.
Beyond the Aquila Rift (2,5/5)
Une histoire de distances extrêmes et d'isolement à travers le temps et l'espace. Aussi, une histoire dérivative, que j'ai l'impression d'avoir déjà lu. Le hasard fait que le narrateur se retrouve perdu loin de l’espace humain, sans espoir de retour, et toute la nouvelle est la révélation progressive de cet horrible état de fait. C'est pas mal, malgré l'aspect familier, notamment avec le côté alien à la fin, mais j'ai été très frustré par le fait que toute la narration repose sur des mensonges successifs. Un premier mensonge au réveil du narrateur après son voyage : on lui ment sur la réalité de la situation pour ne pas le choquer. Un autre quand il prend en charge le réveil d'un autre membre de son équipage : il réveille cette personne et la replonge de force dans le coma quand elle devine la situation (et ça de nombreuses fois à la suite), apparemment pour son propre bien, pour modérer le choc, mais je trouve ça franchement horrible et ça m'a rendu les personnages antipathiques. Un troisième mensonge est levé quand la véritable réalité est révélée, je dirais que c'est le seul mensonge qui est efficace et fait sens narrativement. Et un dernier mensonge quand tout ce qui précède est effacé au profit d'une illusion, ce qui anéantit le peu de poids narratif présent. Sans compter que l'écriture médiocre me fait toujours sauter des paragraphes.
Enola (2,5/5)
C'est en gros la même histoire que Zima Blue (une machine qui devient progressivement humaine) mais sans la dimension philosophique qui permettait à cette nouvelle-là de fonctionner. Le concept des drones guerriers soumis à une pression évolutionnaire qui privilégie la survie des plus intelligents et coopératifs est pertinent, mais trop peu élaboré.
Signal to Noise (2/5)
Des scientifiques, dont le narrateur, travaillent sur un système pour communiquer entre les univers parallèles. La femme du narrateur meurt, mais elle n'est pas morte dans l'univers parallèle avec lesquels ils sont en lien ; tout le monde a alors la super idée d'utiliser le narrateur comme premier sujet de test pour faire un échange de conscience entre les deux univers... et l'envoyer voir l'autre version de sa femme. Vraiment ? Utiliser le type qui vient d'être traumatisé et l'envoyer papoter avec sa femme tout juste morte dans son univers mais encore vivante dans l'autre ? Et tout le monde est OK avec ça ? Des scientifiques ?C'est absurde, il est absolument évident que c'est une mauvaise idée. En plus, il aurait été facile de justifier ça narrativement, en disant que seuls les gens directement affectés par des divergences entre les univers peuvent passer de l'un à l'autre : ainsi, le drame personnel aurait rajouté de la tension tout en faisant sens au lieu de donner l'impression que tout le monde est stupide. Le reste de la nouvelle est un long mélodrame assez pénible que j'ai parcouru en diagonale.
Bon, j'arrête là, après avoir lu moins de la moitié du recueil. Il va falloir que j'importe du Greg Egan non traduit pour assouvir mes besoins.