mardi 5 août 2025

Des arbres fruitiers dans mon jardin - Jean-Marie Lespinasse & Danielle Depierre-Martin

Article publié sur le site de ma pépinière, et cette fois je vais l'y laisser.

En ce moment, il fait chaud, et ça tombe bien, c'est l'été qu'il y a le moins de choses à faire à la pépinière.

Le matin, tôt, je passe du temps à arroser et à gérer les diverses tâches d'entretien. Parfois, j'y retourne le soir. En journée, ces temps-ci, je prépare les nouvelles fiches produit sur le site, pour toutes les nouvelles espèces et variétés que j'aurai à la vente cette hiver.

Les mirabelles donnent par centaines. Je mange aussi quelques nashis, et les pommes sont presque mûres. J'ai ramassé des poires précoces. Je fais tartes et crumbles. Les petits fruits ont cramé. Les ronces domestiques, les groseilliers, les baies de mai, semblent avoir traversé un incendie.

Tout est extrêmement sec. Pas mal de jeunes arbres plantés sont morts. J'espère qu'il pleuvra en fin d'été, que je puisse faire les greffes en écusson à œil dormant pas trop tard. Il faut que les portes-greffe soient bien en sève, et donc qu'ils aient eu à boire.

Je n'ai pas encore de système d'irrigation autre que mes bras. J'aimerais pouvoir m'en passer, alors je tente une année sèche sans, et on verra si c'est tenable. Je ne crois pas avoir jamais vu l'étang aussi bas. Au moins, je pourrai facilement récolter une partie de la matière organique qui y traine, ça fera de l'amendement.

Il y a plein de libellules. Des insectes me grimpent dessus. Des sauterelles s'accouplent sur les feuilles des scions. Le long du chemin de la pépinière, il y a une zone à menthe, à côté du mûrier pleureur, et à chaque fois que j'y passe, des dizaines de papillons orangés s'éparpillent. 

Chez un voisin qui vient de fêter ses 81 ans, le verger est dans un état de sécheresse qu'il n'a jamais vu auparavant. Je me réjouis d'être un peu plus bas sur la colline. Un autre vieux de plus de 80 ans, qui passe ses journées dans les bois à entretenir un grand verger, projette un système d'irrigation. Avant, me dit-il, il y avait des pluies fiables, l'été. Maintenant, des fois il pleut énormément, et la plupart du temps, ça crame. Il faut que je retourne le voir bientôt, gouter les pêches de vigne, variétés greffées blanches et jaunes — si elles ont survécu.

vendredi 1 août 2025

De la constance du sage - Sénèque

Je me suis procuré ce recueil pour (re)relire les stoïciens dans ce que j'estime être la meilleure traduction (du moins pour Marc-Aurèle, j'ai moins eu l'occasion de regarder attentivement le reste). Ce sera peut-être aussi l'opportunité de lire les Entretiens d'Épictète en entier cette fois. Mais pour l'instant, les petits traités de Sénèque, à priori en ordre chronologique.

De la constance du sage n'est peut-être pas le texte le plus mature de Sénèque, mais ça reste plein de passages brillants. C'est hélas entaché par une forte misogynie et une perspective méprisante envers les esclaves, mais ce sont bien les seules choses superflues, plus de 2000 ans plus tard. 

La figure du sage, quasi divine, est l'idéal à atteindre. Le sage trône au-dessus des bassesses humaines, et Sénèque multiplie les sentences pour exhorter le lecteur. On retrouve rapidement la classique dichotomie entre les évènements et les effets qu'ont ces mêmes évènements sur l'individu : « Est invulnérable non pas l'être qui n'est pas frappé, mais celui qui ne subit pas de dommages. » 

Car, selon la doctrine stoïcienne, « On est tourmenté non par la douleur, mais par l'opinion de douleur, à la manière des enfants qui ont peur d'une ombre. »

Quid de souhaiter que l'injustice ne soit pas ? « Tu souhaites une chose difficile au genre humain, ne pas avoir l'intention de nuire. » J'aime cette lucidité, qui, bien sûr, ne signifie pas fatalisme. Le stoïcisme inclut la proactivité vers la vertu.

Selon Sénèque, cette vertu est indépendante de la fortune. Elle est, ai-je envie de dire (et c'est moi qui parle, pas Sénèque), le seul fragment de l'existence compatible avec le libre arbitre :

Le sage ne peut rien perdre ; il a tout en lui-même ; il ne se confie pas à la fortune ; les biens qu'il possède sont solides ; il se contente de la vertu qui ne dépend pas évènements fortuits ; aussi ne peut-elle ni augmenter, ni diminuer (car arrivée à son terme, elle n'a pas de place pour croitre, et la fortune n'enlève rien que ce qu'elle a donné, or elle ne donne pas la vertu et par conséquent ne la retire pas). [...] Le sage ne possède qu'une seule chose, la vertu, dont jamais il ne peut être dépouillé ; les autres choses, il en use à titre précaire ; or pourquoi s'émouvoir de la perte de ce qui n'est pas à soi ?

Ainsi quand les évènements se déroulent, ils ne sont que le torrent chaotique et insensé de la fortune, et si le sage ne peut dévier ce torrent, il le connait, il le comprend, et ce torrent ne peut le pénétrer :

Ta fortune l'a emporté sur la mienne ; mais ces choses fragiles qui changent de maitre, je ne sais où elles sont, quant aux choses qui sont miennes, elle sont avec moi et elles seront avec moi.

Je relève le passage suivant sur la confusion des esprits et l'illusion de liberté. A noter que si le sage semble être le seul capable de libre arbitre, le sage est un idéal, et si on peut s'en approcher, cette perspective place, comme on l'a déjà vu, le libre arbitre pour l'essentiel hors de la portée humaine. Les comportements humains sont partie intégrante du torrent de la fortune, branches et feuillages portés par les tourbillons :

Ainsi il accepte tout comme il supporte le froid de l'hiver, l'inclémence du ciel, la chaleur, les maladies et tous les autres accidents, et il ne pense pas de chaque homme assez de bien pour croire que celui-ci agit par dessein réfléchi, ce qui se trouve seulement chez le sage. Chez les autres, il n'y a pas de réflexion, mais des mensonges et des trahisons ; les mouvements de leurs âmes sont désordonnés ; le sage les met donc au nombre des hasards ; or les violences et les dommages qui viennent du hasard restent au-dessous de nous.

Le sage « ignore l'espoir et la crainte ». La crainte, bien sûr, mais l'espoir ? L'espoir est le revers de la crainte, il n'est pas moins intégralement soumis aux caprices de la fortune. Son caractère positif ne lui donne pas plus d'emprise sur le réel que son pendant négatif. Si la crainte est la souffrance présente causée par un futur imaginaire, l'espoir est une passion et leurre, une erreur, qui fausse le rapport au réel et au présent.

Une nuance sur cette distance du sage :

Ce sont d'autres coups qui frappent le sage, mais sans l'ébranler : c'est la douleur corporelle, l'affaiblissement, la perte de ses amis et de ses enfants, les malheurs de sa patrie lorsqu'elle est en proie à la guerre. Ces choses-là, le sage les sent, je ne le nie pas, car nous ne lui prêtons pas la dureté du fer ou de la pierre. Il n'y a aucune vertu à supporter ce qu'on ne sent pas.

Un rappel que ce sage idéal est profondément intégré à la vie sociale : oui, il est attaché aux gens autour de lui. (Notons d'ailleurs que les seuls sujets de l'attachement sont les gens et la société dans son ensemble, pas le statut, les biens matériel, etc.) L'une des principales différences entre le stoïcisme et l'épicurisme est d'ailleurs la question du détachement ou non de la société. Donc, cet attachement du sage stoïcien à son cadre social est compatible avec son invulnérabilité aux tourments qui pourraient accompagner la perte de tout ce à quoi il est attaché. Épicure d'ailleurs est cité, et Sénèque le défend face à ceux qui confondent épicurisme et hédonisme. Il cite Épicure disant : « Rarement la fortune est sur le chemin du sage. » Et il continue :

Vois la maison du sage ; elle est étroite, sans confort, silencieuse et simple ; elle n'est point gardée par des portiers, qui écartent la foule avec arrogance et qu'il faut acheter ; mais, ce seuil vide et sans portiers, la fortune ne le franchit pas. Elle sait que là où rien n'est a elle, il n'y pas de place pour elle.

Sous cette image de la maison du sage se trouve une des bases des deux philosophies : c'est l'attachement qui crée la souffrance. Il n'est pas nécessaire d'avoir cette maison-là, mais est nécessaire que nos attachements soient aussi dénudés. Et pour conclure :

Selon Épicure, le sage peut supporter les injustices ; selon nous, il n'y a pas d'injustices.

L'injustice n'est qu'une erreur d'autrui. Je dirais même que, les humains étant tout autant l'incarnation de la fortune que les évènement aléatoires qui ne relèvent pas du social, leurs actions sont à placer au même niveau que celles d'un merle, d'un scarabée, d'un chêne, d'un ruisseau. Un ruisseau en crue peut détruire tout ce qui nous est cher, mais il n'y pas là d'injustice — juste la fortune.

lundi 28 juillet 2025

Biologie de Campbell #28 : Les protistes

Biologie de Campbell #28 : Les protistes

Les protistes, comme les végétaux, les animaux et les eumycètes, sont des eucaryotes (leurs cellules ont un noyau et des organites tels que les mitochondries). Les cellules eucaryotes ont également un cytosquelette, qui permet le soutien d'une structure irrégulière et leur permet de changer de forme au fil de leur nutrition, déplacement, etc.

La majorité des organismes issus des lignées eucaryotes sont des protistes, et la majorité des protistes sont unicellulaires.

Les grands organismes multicellulaires (végétaux, animaux, eumycètes) ne constituent que les extrémités de quelques branches du grand arbre de la vie.

En gros, les protistes regroupent tous les eucaryotes qui ne sont ni des animaux, ni des plantes, ni des champignons. 

C'est un groupe fourre-tout. Les spécialistes utilisent des classifications plus précises basées sur la génétique. 

Les protistes sont extrêmement variés. La plupart étant unicellulaires, on les considère comme les plus simples des organismes eucaryotes, mais à l'échelle cellulaire, bon nombre constituent en fait les cellules les plus perfectionnées qui soient. Les protistes unicellulaires remplissent les mêmes fonctions essentielles que les organismes multicellulaires, mais en recourant à des organites infracellulaires plutôt qu'à des organes multicellulaires.

Certains protistes sont photo-autotrophes et renferment des chloroplastes, alors que d'autres sont hétérotrophes et absorbent des molécules organiques. D'autres, les mixotrophes, pratiquent les deux méthodes. Les différents modes de nutrition seraient apparus indépendamment dans différentes lignées (évolution convergente). Certains se reproduisent par voie sexuée, d'autres par voie asexuée.

Contrairement à ce qu'on a cru dans le passé, bon nombre de protistes possèdent des mitochondries. La phylogenèse des protistes est encore incertaine et changeante. Ici, l'hypothèse retenue classe les protistes en 4 groupes.

La diversité des protistes serait permise par l'endosymbiose, relation étroite entre deux organismes, l'un situé à l'intérieur de l'autre (comme les mitochondries et les plastes, qui dériveraient de procaryotes absorbés par les ancêtres des eucaryotes).

De plus, dans le cas des algues par exemple, il y a eu endosymbiose secondaire : les eucaryotes ayant une endosymbiose ont eux-mêmes été absorbés par un autre eucaryote pour devenir eux-mêmes des endosymbioses

La suite du chapitre décrit les différents clades qui composent les protistes. Je ne vais pas trop m'attarder sur la description de toute cette complexité, je vais juste essayer de relever des points particulièrement intéressants. 

Certains protistes sont des parasites, comme T. vaginalis, qui se déplace sur les muqueuses avec ses flagelles.

Les diatomées, par exemple, un groupe de protistes photosynthétiques, sont des algues unicellulaires qui possèdent une paroi de silice, ressemblant à du verre, qui leur confère une énorme résistance à la pression. Il existerait 100 000 espèces de ce simple groupe. Un seau d'eau marine peut contenir des millions de ces organismes. La diversité invisible de la vie ne manque jamais d'étonner. Et il existe encore d'autres groupes de protiste appelés algues (algues dorées, algues brunes...). D'ailleurs, techniquement, les algues en général sont des protistes photosynthétiques, non des plantes. Et la vie sexuelle des algues, c'est encore tout un truc, avec alternance de générations. On retrouve d'autres complications sexuelles chez d'autres protistes.

Deux anecdotes sur deux groupes de rhizariens. Les fossiles de foraminifères servent à comprendre les évolutions de température de l'océan dans le passé. En effet, ces organismes captent plus de magnésium dans les eaux plus chaudes que dans les eaux plus froides. Les cercozoaires, eux, pourraient être issus d'une symbiose photosynthétique avec une bactérie différente de celle des plastes (et donc des plantes telles qu'on les connait). Évolution convergente !

Les algues rouges et les algues vertes sont les organismes les plus proches des végétaux. Les algues rouges doivent pour la plupart leur couleur rougeâtre à un pigment photosynthétique appelé phycoérythrine, qui masque le vert de la chlorophylle. Ces pigments (et d'autres) leur permettent d'absorber la lumière bleue et la lumière verte, qui pénètrent assez profondément dans l'eau. On en a trouvé jusqu'à 260m de profondeur, un record pour un organisme photosynthétique.   

Sont détaillés aussi les unichontes, groupe extrêmement diversifié qui comprend les animaux et les eumycètes.

Les protistes remplissent des fonctions essentielles au sein des communautés écologiques. La plupart d'entre eux sont aquatiques, qui vivent dans l'eau ou juste des environnements humides. Ils constituent une part importante du plancton par exemple. Certains forment des relations symbiotiques avec d'autres espèces, par exemple les protistes qui colonisent l'intestin de nombreuses espèces de thermites leur permettent de digérer le bois. Certains sont des symbiotiques parasites, comme celui qui cause le paludisme, ou un autre à l'origine du mildiou de la pomme de terre. Certains sont photosynthétiques et sont d'importants producteurs de composés organiques à partir de CO2, ainsi 30 % de la photosynthèse serait accomplie par des protistes aquatiques.

La grande leçon de ce chapitre extrêmement dense, auquel je n'ai pas fait honneur, est la stupéfiante diversité et richesse de la vie. Au-delà des classiques animaux, végétaux, champignons, bactéries, etc., il y a encore de vastes domaines du vivant auxquels nous sommes aveugles au quotidien. Chaque paragraphe de ce chapitre semble pouvoir se déployer en un domaine d'étude à part entière, qui occuperait une armée de chercheurs pendant toute leur vie sans l'épuiser.

jeudi 24 juillet 2025

How to - Randall Munroe

How to - Randall Munroe

Après What if ?, un autre bouquin très similaire de Randall Munroe, l'auteur de xkcd. Je serai bref : on y retrouve exactement les mêmes qualités et les mêmes défauts. C'est marrant, intelligent, surprenant, mais en même temps superficiel et décousu. J'aurais aimé que Randall Munroe mette ses multiples talents (d'auteur, de dessinateur, de vulgarisateur scientifique) au service d'une œuvre moins éparpillée, plus ambitieuse. Dans l'état, cette succession d'explorations scientifiques absurdes sans liens les unes avec les autres ne parvient pas à laisser de forte impression. C'est de la junk food (de qualité) pour nerd.

Tout en gardant exactement le même style, le même ton, je ne peux m'empêcher de penser que des bouquins plus structurés, avec un fil narratif, qui exploreraient thèmes et idées sur un temps plus long, seraient plus marquants. Par exemple une histoire absurde de la conquête spatiale jusqu'au au futur lointain, un absurde voyage dans le passé, une absurde quête de pouvoir dans le monde contemporain, etc. Enfin, j'ai bien conscience que c'est vouloir autre chose que ce que Munroe a activement choisi de faire. Et il fait ce qu'il veut, ça lui réussit bien assez.

Je ne prend que seule note : vous connaissiez le Kīlauea lava cricket ? Endémique à Hawaï, cette bestiole n'a été observée que sur de la lave volcanique récemment solidifiée. On ne la trouve que sur ces roches nues, où elle se nourrit de débris transportés par les vents causés par la chaleur. Une fois que la végétation reprend ses droits, la bestiole disparait, attendant une prochaine éruption pour se montrer à nouveau.

dimanche 20 juillet 2025

Le Banquier anarchiste - Fernando Pessoa

Le Banquier anarchiste - Fernando Pessoa

Le banquier anarchiste de ce petit texte de 1922 est un sacré sophiste. Pour justifier sa position invraisemblable, il multiplie les arguments fallacieux, et c'est d'autant plus dérangeant que ceux-ci sont entrecoupés de pointes de pertinence.

Je ne suis pas un expert de la théorie anarchiste, mais son point de départ me semble complètement à côté de la plaque. En gros, son anarchisme prône la destruction de toutes les fictions sociales et « n'admet pas d'autres lois que celles de la Nature ». On aimerait bien savoir à quoi ressemble cette vie qu'il prétend idéale, mais il n'essaie même pas de décrire. Quoi, les fictions sociales ne seraient pas partie intégrante de la nature humaine ? J'en doute. De même, son anarchisme prône un pur individualisme et rejette la solidarité et l'altruisme, sous le prétexte fallacieux qu'aider, ce serait réduire la liberté d'autrui. On dirait du Ayn Rand.

Là où sa perspective est pertinente, c'est qu'à travers son expérience de militant anarchiste, il a pu constater que dans les groupes militants à priori idéalistes se formaient inévitablement des rapports de domination ou — horreur contre-nature — d'altruisme. Dans cette même veine, il n'a aucun espoir à propos de la révolution russe, qui pourtant était encore jeune à l'époque. L'idéal peine à s'actualiser.

Ceci dit, il va de soi que cette imperfection inévitable de tout mouvement politique n'empêche pas ces mêmes mouvements d'avoir un impact significatif sur la réalité sociale. Lui cependant se sert de cette réalisation comme d'une excuse pour se lancer dans le combat anarchiste en solitaire. La suite de son raisonnement tordu, on le devine, le mène à la liberté individuelle, liberté conquise en embrassant le « système bourgeois ». Il se gargarise en affirmant n'avoir rien ajouté de nuisible qui n'existait déjà (le système en place) là où son engagement militant précédent rajoutait de la nuisance (les rapports de domination et d'entraide dans un mouvement qui pourrait aisément ne pas exister). Finalement, son « anarchisme » est celui de tous ceux qui cherchent pragmatiquement l'indépendance financière.

Il est toujours très facile de justifier à postériori ses actions, de trouver de la moralité et de la rationalité à sa situation présente. On le fait tous. Je suppose que c'est un pilier indispensable pour grappiller un minimum de santé mentale. Reste à essayer de ne pas être complètement dupes.

mercredi 16 juillet 2025

La Conquête de Plassans - Zola

Celui-là, il va vers le bas de ma liste des romans de Zola, par ordre de préférence. La faute à une trame plus paresseuse que d'habitude et à des personnages fades. L'abbé Faujas débarque à Plassans pour faire passer la ville au bonapartisme à l'occasion des élections à venir. Il s'installe avec sa mère, symboliquement entre les maisons qui servent de QG aux deux courants politiques qu'il doit manipuler, en locataire dans la maison de François et Marthe Mouret, deux bourgeois ennuyeux qui coulent vers la folie. Il est rejoint ensuite par sa sœur et son beau-frère, deux médiocres avides. En parallèle de la conquête de Plassans se déroule la conquête de cette maison.

Aucun personnage n'a véritablement su accrocher mon intérêt. Les Mouret sont sympathiques au tout début, dans leur petite vie bien rangée, et à travers la perspective curieuse de François sur cet abbé qui vient bousculer ses habitudes, mais ils sombrent rapidement dans une démence "naturaliste" qui leur enlève leur volition sans offrir grand-chose en retour. Si Marthe sert à Zola pour explorer un peu le concept de folie lucide, François, le personnage jusque-là le plus vivant, devient carrément catatonique. L'abbé lui-même ne prend pas le relai narratif, il est distant, froid, et on comprend difficilement ses motivations dans cette affaire. Que veut-il vraiment ? Qui est-il vraiment ? Restent la sœur et le beau-frère, qui n'ont pas le piquant d'autres médiocres de Zola. Certains personnages secondaires ont du potentiel, notamment ce couple de mondains cyniques, et la mère de Marthe, parvenue déjà héroïne de La Fortune des Rougon, mais on les voit trop peu.

Quant à cette conquête de Plassans, c'est un joli tour de force politique non dénué de force narrative, ni d'intemporalité dans les machinations décrites, mais ça reste trop distant à mon goût, trop flou, et surtout trop peu porté par les personnages centraux. Pourquoi est-on si peu dans la tête de Faujas, l'architecte de cette conquête ? On se contente d'assister de loin à ses actions. Zola m'a complètement perdu après la victoire aux élections, où il ne lui reste plus qu'à longuement décrire la sordide chute de ses personnages, qui sont déjà bien bas.

samedi 12 juillet 2025

Comment s'y prend la sève pour monter dans les arbres ? (vidéo)

 


Lien direct vers la vidéo sur Youtube.

Voilà que je me mets à ce qui ressemble dangereusement à de la vulgarisation scientifique. C'est très difficile : je m'efforce à la fois d'être aussi clair que possible et de ne pas dire de bêtises, mais je sais que je dis forcément des bêtises. En tous cas, l'exercice est stimulant.