vendredi 11 septembre 2020

Étranges éons - Robert Bloch (Retour à Arkham)

Étranges éons - Robert Bloch (Retour à Arkham)
 

Étranges éons (1978) de Robert Bloch, alias Retour à Arkham, est un énième pastiche lovecraftien d'une affligeante médiocrité. Ce n'est pas trop mal écrit, c'est fluide, et d'ailleurs on s'en sort très bien en ne lisant qu'un mot sur trois. Mais ce n'est même pas un vrai roman : il s'agit de trois nouvelles qui s'enchaînent mal, leurs tentatives de culmination coupant net toute fluidité globale dans une trame qui se veut unifiée.

Comme d'habitude, l’œuvre de Lovecraft est malmenée jusqu'à l'absurde. On a l'impression que Bloch s'est fait une longue, très longue liste de choses qu'il s'imagine être lovecraftiennes et il se fait un devoir de les enchaîner avec le plus de densité possible. On a droit à des reproductions directes de scènes tirées des nouvelles de Lovecraft, reproductions qui sont sensées faire partie de l'histoire mais ne sont en fait jamais expliquées. Le pire, c'est encore les multiples résumés des nouvelles de Lovecraft. Sérieusement ? Bien sûr, les entités lovecraftienne sont grotesques, Nyarlathotep est à tous les coins de rue, ridicule, occupé à ourdir des machinations bassement humaines, et tout le pseudo-panthéon est dramatiquement trivialisé. Il n'a pas le moindre recul, pas la moindre horreur cosmique, juste de vils cultistes qui font des sacrifices à Cthulhu et aux autres de la façon la plus convenue, comme dans un mauvais scénario du jeu de rôle L'appel de Cthulhu. Les ficelles narratives sont grosses, pour ne pas dire géantes, bien loin de la subtilité de Lovecraft et de ses multiples récits dans le récit qui justement permettent de donner la distance nécessaire pour appréhender une menace insaisissable, une menace au fond psychologique, celle de l'humain face à son insignifiance. Certes, Étranges éons se laisse lire, mais la lisibilité ne fait pas disparaitre la nullité.

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