mardi 9 octobre 2018

Le sens de la vie - Moritz Schlick


Le sens de la vie - Moritz Schlick

Dans ce court texte, Moritz Schlick déploie une philosophie du temps présent. C'est à dire qu'à ses yeux, l'être humain pense beaucoup trop au futur, aux conséquences de ses actions, et qu'il reporte en permanence le moment où il pourra aimer la vie. La satisfaction se trouverait non pas dans les conséquences des actes, mais dans les actes mêmes. Schlick brode ensuite sur l'enfance, état trop bref où l'humain peut apprécier chaque instant en transformant la vie en jeu.
La libération ultime de l'homme serait atteinte s'il pouvait, dans tout ce qu'il fait, se donner entièrement à l'acte même, toujours animé par l'amour de son activité. Jamais, alors, la fin ne justifierait le moyen, il pourrait ériger en règle suprême la maxime : « Ce qui n'est pas digne d'être fait pour soi-même, ne le fait pas pour quoi que soit d'autre ! » Toute vie, jusque dans ses ultimes ramifications, serait alors véritablement pleine de sens, vivre signifierait : célébrer la fête de l’existence. (p.48)
Au fond, nous trouvons l'homme toujours prêt à sacrifier, en échange d'une heure emplie de valeur, le reste de vie dénué de sens. (p.49)
De même que la plupart des religions, mécontentes de la vie terrestre, inclinent à transférer le sens de l'existence de celle-là dans un au-delà, de même l'être humain incline-t-il en général à ne considérer jamais quelque état que ce soit - puisque, évidemment, aucun n'est sans doute totalement parfait - que comme préparation à un état d'une perfection plus grande. (p.56)
J'aime ces idées, et je les partage tout en m'y opposant. En effet, le fait que l'homme vive en bonne partie dans le futur est un aspect capital et probablement permanent de son identité. Comment concilier ce trait avec un instant présent plein de joie et de sens ? Réponse : en transformant les activités humaines de façon à ce que chacune, tout en répondant à ce besoin d'être tourné vers le futur, portent aussi en elles-mêmes, à chaque instant, leur propre sens. Nouvelle question : comment atteindre cet état ? Réponse : à part en se lançant dans des fantasmes technologistes de société de l'abondance, je ne sais pas. D'autant plus que l'abondance a le potentiel autant d'ajouter du sens en donnant la liberté que de l’ôter pour cette même raison. Bon, allez, point final.

74 pages, 1927, manucius

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