mercredi 8 juin 2016

Éon - Greg Bear


Éon - Greg Bear

Comme souvent dans ce petit genre qu'est la hard SF, il faut tolérer dans Éon une écriture très imparfaite. Les personnages sont aussi assez maladroitement mis en scène, on se surprend souvent à froncer les sourcils pendant les dialogues. Bref, tout cela est assez bancal. Mais on peut bien passer avec indulgence sur ces détails si le roman dans son ensemble est convainquant, non ?

Comme dans Rama de Clarke, un objet absolument géant vient visiter le système solaire. A première vue, c'est un astéroïde. Le Caillou. Mais un astéroïde creux. Un énorme vaisseau d'origine inconnue, en fait. Hop, il n'en faut pas plus pour que l'humanité, pardon, les USA, envoient une expédition. Greg Bear a le bon goût de ne pas perdre de temps et de plonger le lecteur dans le point de vue d'une petite nouvelle qui vient rejoindre l'équipe scientifique du Caillou quelques années après les débuts de son exploration. Ainsi les informations et découvertes sont délivrées au lecteur assez rapidement. Il se trouve que le Caillou a été construit par des humains venus du futur. Ah. Bon, au moins ça change des extraterrestres. Et la chambre qui occupe l'arrière du Caillou se trouve ne pas avoir de fin. Jusque là, malgré la prose d'une qualité plus que douteuse, c'est plutôt sympathique. Greg Bear n'avait pas prévu la fin de l'URSS et place son récit dans un contexte de guerre froide spatiale. Ainsi les méchants russes viennent envahir le Caillou. Cet aspect du récit est étonnamment sympathique, ce n'est pas souvent qu'on voit une guerre froide alternative dans ce genre de roman. Mais ensuite, Greg Bear a l'air de vouloir trop en faire et, franchement, c'est un peu le bordel. Passons sur les explications scientifiques absolument incompréhensibles, c'est peut-être moi qui n'ai pas le niveau. Quand Bear commence à parler de la société des habitants du Caillou, qui se sont enfoncés dans la Voie (le tunnel sans fin), on a vraiment du mal à s'y intéresser. La Voie semble pouvoir servir de support à une infinité de portes vers des univers parallèles. Hum ok. Mais d'ailleurs, pourquoi le Caillou a été crée ? Pourquoi a-t-il changé d'univers pour revenir vers une version de la Terre de son passé ? Il me semble que des réponses à ces questions sont esquissées. Je crois. Pas sur. Je peine à essayer de me remémorer la seconde moitié de ce roman tant il manque de fil directeur. Et quand Bear décide de nouer entre ses personnages des relations amoureuses, on passe du bancal au franchement gênant. Bancal, c'est un bon mot pour qualifier Éon. Plein de choses intéressantes qui échouent à former un tout cohérent. Dans le genre, mieux vaut s’intéresser à Egan ou Baxter (dont j'ai lu Évolution il y a quelques temps, sans en parler sur ce petit blog, paresseux que je suis, mais que je recommande chaudement).

665 pages, 1985, le livre de poche

2 commentaires:

  1. Je l'ai lu il y a bien longtemps, et ce roman a bien failli me dégouter de la hard-SF...
    Donc je comprends parfaitement ton ressenti. ;)

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  2. Yes, ce serait dommage de se laisser dégouter. J'ai un peu du mal à comprendre pourquoi ce roman semble assez populaire.
    Il me semble que j'ai commencé la hard sf avec Temps et Espace de Baxter, du coup c'était un premier contact fort convainquant :)

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